Le mythe de Philémon et Baucis
Philémon et Baucis donnant l'hospitalité à Jupiter
(Tours, Musée des Beaux-Arts)
Suite à mon message du 3 janvier 2011, intitulé "A mon bien-aimé...", j'ai reçu toute une série de commentaires qui m'ont non seulement fait plaisir, mais qui m'ont également profondément touchée. L'auteure de l'un des commentaires a fait allusion à cette occasion au mythe de Philémon et Baucis.
J'ai voulu me rafraîchir la mémoire -eh oui, cela arrive à tout le monde- et fait quelques recherches. Ce que j'ai découvert m'a tout autant émue que le commentaire de mon amie. Laissez-moi vous raconter un peu l'histoire de ce couple...
Au coeur de l'Asie mineure, sur une colline de Phrygie, poussent deux arbres ; leur proximité est vraiment surprenante. Il s'agit d'un chêne et d'un tilleul. Les deux troncs et les branchages s'entremêlent, tant leur rapprochement est réel. Tout près se trouve un étang abandonné ; en réalité, il s'agit d'un ancien village qui avait compté un grand nombre d'habitants ; ceux-çi faisaient en sorte qu'il prospère.
Mais, un jour, le comportement des habitants du village déclencha la fureur des dieux qui décidèrent de les punir. Je précise que le tilleul dont je vous ai parlé était en fait une vieille femme, prénommée Baucis, et le chêne, son mari Philémon. Voilà pour vous situer la scène.
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Philémon et Baucis étaient un couple très âgé, mais pieux et généreux. Ils étaient emplis d'amour l'un pour l'autre et menaient une vie tranquille et pauvre. Leur petit chez-soi était fait de chaume et de roseaux. Ils s'étaient toujours montrés raisonnables dans la vie et en amour. Les bonheurs les plus simples de la vie les réjouissaient. L'amour que se portait le couple adoucissait et illuminait un quotidien difficile.
Un jour, deux mendiants se présentent. Le couple n'hésite pas : il les accueille chaleureusement et leur offre à manger et un lit. Philémon et Baucis ne savent pas qu'ils sont en train de venir en aide à Zeus et à son fils, Hermès. Or la générosité du vieux couple n'a d'égal que l'hostilité et la méfiance des autres habitants du village. Dans l'humble chaumière, tout trahit la misère et la pauvreté. Et pourtant, ils viennent en aide à ceux qu'ils croyaient être de pauvres hères.
Le couple leur sert un repas simple avec respect et empathie. Convaincus de leur bonté et leur générosité, les deux mendiants transforment la cruche d'argile contenant du vin en un récipient qui ne se videra jamais.
Les deux vieillards comprennent alors à qui ils avaient affaire. Le fait de n'avoir pu honorer les Dieux fait qu'ils se sentent blessés et honteux : ils prient et implorent leur pardon pour leur avoir présenté une si humble table ; ils veulent même sacrifier leur unique oie...
Zeus et Hermès emmènent Philémon et Baucis au sommet de la colline. Là ils découvrent leur village, complètement dévasté. L'eau recouvre toutes les maisons sauf une : leur chaumière avait échappé au désastre ; de plus, sous leurs yeux, elle s'est mise à grandir et à se recouvrir d'or.
Ils expliquent au couple que les autres habitants du village ont mérité ce châtiment et Zeus leur propose de devenir les gardiens de ce qu'était devenue leur masure, à savoir un temple à sa gloire.
Philémon et Baucis posent leurs conditions : ils veulent mourir ensemble, comme ils ont vécu, ce que Zeus accorde. Les amoureux ont encore vécu très longtemps côte à côte, puis la mort les a transformés en deux arbres qui ne cessent de pousser et de s'entremêler mutuellement pour l'éternité.
Je ne voudrais rien ajouter à cette magnifique légende : je préfère vous laisser avec vos pensées, face à un amour simple, sincère, naturel et paisible.