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Les petites passions de Pahi
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1 mai 2011

"Histoire d'un brin de muguet"

muguets200

 

Le 1er mai, la Fête du Travail et le muguet font toujours bon ménage. Je voudrais profiter de ce jour pour partager avec vous un magnifique poème découvert parmi ce qui fait la richesse -au sens le plus noble du terme- d'internet.

Il s'agit d'un poème écrit par un homme pour son épouse il y a plus de 50 ans. Ni l'un, ni l'autre ne sont plus de ce monde.

Histoire d'un brin de muguet

Depuis plus de quatre ans que je suis prisonnier,

Mes jours heureux sont quand je reçois du courrier.

Les lettres sont pourtant presque toujours les mêmes.

Je suis en bonne santé, te souhaitant de même.

Puis invariablement pour terminer, toujours :

Je conserve l'espoir de ton prochain retour.

Mais, dans un coin d'une lettre que j'ai reçue,

Un petit brin de muguet y était cousu.

Vraiment, c'est enfantin d'envoyer ce muguet.

Je pourrais en avoir, ici, tout un bouquet

Qui ne serait pas fané comme celui-ci !

Dans les bois allemands, le muguet pousse aussi.

Et, comme pendant un moment je restais là,

Soudain, le brin de muguet me parla.

- Excuse, me dit-il, si j'ai triste figure.

Pourtant, si tu savais, j'étais beau je t'assure.

Tu as l'air d'en douter, tu ne veux pas me croire ?

Je vais, pour te convaincre, conter mon histoire.

D'abord, j'ai vu le jour là-bas, très loin d'ici.

C'est sur le sol français qu'un matin j'ai fleuri,

A l'ombre des grands bois, au milieu d'autres fleurs.

J'ai vécu, sans savoir que c'était le bonheur.

Je buvais, le matin, la rosée bienfaisante.

Je puisais dans le sol, nourriture abondante.

Je voyais le ciel bleu, la lune ou les nuages.

Je voyais le soleil à travers le feuillage.

C'est lui qui me chauffait de ses rayons ardents.

Ainsi, rapidement, j'ai pu devenir grand.

Comme il faisait bon, comme tout était beau.

Nous avions chaque jour le concert des oiseaux.

Tu as dû, toi aussi, l'écouter autrefois.

N'est-ce pas qu'il faisait bon vivre dans ces bois ?

J'aurais dû ne jamais rien désirer de plus.

Pourtant je subissais l'attrait de l'inconnu.

Je pensais que peut-être je serais cueilli

Comme porte-bonheur, et j'en étais ravi.

Une dame, en passant, devina mon désir.

S'approchant doucement, elle vint me cueillir,

Me prenant dans sa main, avec d'autres muguets.

Nous formions à nous tous, un superbe bouquet

Qu'auprès de son visage elle approchait souvent,

Humant notre parfum tout en nous contemplant.

Chez elle dans un vase à demi rempli d'eau

Pour conserver longtemps ce muguet frais et beau,

Nous avons parfumé ce qui nous entourait.

Dans cet appartement coquet, je me plaisais.

Mais quand, le lendemain, parmi les plus jolis

Qu'elle avait mis à part, c'est moi qui fut choisi,

J'étais heureux et fier d'être le préféré.

J'entrevoyais, pour moi, l'avenir tout doré.

Puis au coin de la lettre, où je suis maintenant,

La dame m'a placé, cousu soigneusement,

Avec des gestes tendres, n'osant m'effleurer,

Tout comme si j'étais une chose sacrée.

Puis elle contempla ce travail achevé,

Vérifiant pour que rien ne soit détérioré.

Alors, en se penchant, je m'en souviens toujours,

Elle me donna pour toi un doux baiser d'amour

En me murmurant : va, toi qui porte bonheur,

Va donner ce baiser à l'élu de mon coeur

Qui, dans les barbelés dont il est entouré,

Est privé de caresses depuis des années.

Ainsi dans la lettre pliée, je suis parti.

Mais tu peux savoir tout ce que je souffris

Depuis ce moment pour arriver jusqu'à toi.

Le tampon des postiers m'écrasa maintes fois.

Je fus aussi jeté, bousculé, rejeté,

Ecrasé sous de lourdes piles de paquets.

Je suis resté des jours, peut-être des semaines,

Entassé dans des pièces sombres et malsaines.

Mon parfum s'échappait par toutes mes blessures.

Vingt fois, j'ai cru mourir, mais j'avais la vie dure.

J'ai cru aussi deux fois que j'étais arrivé.

La lettre, brusquement, se trouva dépliée.

Mais c'était fait par des personnes étrangères

Qui ont lu, et relu, ta lettre toute entière.

Devant tant d'indiscrétion, j'étais indigné.

Pourtant je dois te dire que nul ne m'a touché.

Avec le doux baiser que j'ai reçu chez toi

J'ai conservé un reste de parfum pour toi.

Mais, tu es impassible... Me suis-je trompé ?

N'est-ce donc pas à toi que j'étais adressé ?

Pourtant, j'en suis certain, là-bas, sur le buffet,

J'ai vu ta photo, près du bouquet de muguet.

Sur ce, le brin de muguet cessa de parler.

Et moi, un peu confus, je m'en suis approché.

C'est vrai que du parfum s'en exhalait encore.

Non pas le doux parfum de fleur qui vient d'éclore.

Cependant cette odeur m'a quelque peu grisé,

Le papier de la lettre en était imprégné

Et, sur mes lèvres, j'ai senti, il m'a semblé,

Recevoir la caresse de ma bien-aimée.

J'en étais tout ému, je ne puis l'expliquer.

Aussi, c'est bête, voyez-vous, mais j'ai pleuré !

(Pierre Julien)

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Commentaires
S
Bonjour ma chère Denise, on nous a prédit du mauvais temps et il y a toujours un beau soleil, tant mieux. Je te souhaite une belle journée, avec ta tendre moitié et votre minou (un peu maigre, tu m'as dis, mais c'est normal s'il est âgé) Bises. Ton amie. S.C.
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J
Magnifique poème , très émouvant et prenant<br /> Excellente semaine , bisous et à bientôt
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S
Je passe te dire un petit bonjour ma chère Denise. Merci pour tes commentaires et ton abonnement à ma "new" ; je ne sais d'ailleurs pas trop comment ça fonctionne, mais ça viendra. Après tout je ne suis pas plus bête qu'une autre ! Lol. Bisous.
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S
Un poème très émouvant. Merci du partage. Bonne semaine ma chère Denise. suzanne-cécile
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B
c'est un texte magnifique et émouvant
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C
Coucou, ce texte est super, tu es un amour de nous le faire partager, gros bisous...
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B
Très émouvant...<br /> Je te souhaite une excellente semaine ma Denise.<br /> GROS BISOUS.
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